Cela fait désormais un demi-siècle que l’on occulte; un massacre en plein Paris. Ce jour la des milliers d’hommes, des femmes, d’enfants manifestaient pacifiquement contre un couvre feu raciste. Une répression sanglante d’une violence et d’une sauvagerie inouïe se déclencha et se poursuivra jusqu’au 20 octobre. Arrestation massives, noyades, tortures et déportation frapperont aveuglement les algériens de Paris et de sa banlieue.
Pendant 3 jours, rafles, matraquages et sévices furent la règle. Partout à la porte de paris aux bouches de métro la police traque l’arabe avec une férocité sans nom. Papon déclara à l’époque : « la police française a fait ce qu’elle devait faire ».
L’assassinat de policiers pourrait expliquer la tension qui régnait mais surement pas l’abjection de la torture et de l’assassinat. 50 ans après rien n’explique, la coupable amnésie, et le refoulement de la responsabilité de l’Etat sur ce qui reste un véritable crime d’état. Etrange duplicité.
Pourquoi ce refus de faire amende honorable ? Point de repentance nous dit-on ! Quelle erreur, quel mépris pour ces pauvres hères battus, humiliés, dont les corps de certains seront retrouvés plusieurs jours plus tard dans les écluses. Depuis quand l’aveu des fautes est-elle préjudiciable à un pays ? Le déshonneur n’est-il pas plutôt dans ce manquement aux responsabilités ? La reconnaissance par le président Chirac de la faute commise par la France lors des rafles du Vel d’hiv, a non seulement pansé définitivement une plaie mais a en plus grandi celui qui l’a fait. Il y a 10 ans pour le quarantième anniversaire on apposait une plaque commémorative, aujourd’hui après cinquante ans n’est-il pas temps de vider l’abcès. Ou alors veut-on attendre que les derniers témoins disparaissent ? Cela tordrait le cou à cette habitude que l’on a pris de faire un éternel aggiornamento sur l’histoire de la guerre d’Algérie, et qui sait, on aurait peut être là un prélude à une indispensable réflexion historique sur cette période. Il est plus que temps, car comment espérer construire une relation sereine avec l’Algérie sans mettre à plat les contentieux qu’il faudra de toute manière régler un jour, combien de temps continuera t-on à mettre la poussière sous le tapis ? Il ne suffira pas d’une commission Kaspi pour enterrer le problème, ou d’un oukase pour décider que le débat est clos. Au contraire, que l’on ouvre les archives et laissons travailler les historiens, après viendra le temps des politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche. A l’aube de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, tirons profit de l’année en cours, pour amorcer un processus de réconciliation avec l’Histoire. Pourquoi maintenir cette chape de plombs sur cette journée de disparus !
En cette période où nous allons désigner le futur chef de l’Etat, il serait bienvenu que les candidats républicains s’engagent à faire toute la vérité sur le 17 octobre 1961 pour tourner cette page tragique il faut d’abord l’écrire c’est pour qui il est impératif qu’il est un libre accès des chercheurs aux archives de la guerre d’Algérie et que cette date soit inscrite dans les manuels scolaires.
Ce que nous attendons c’est que ce crime d’état, raciste et colonialiste organisé par des fonctionnaires de l’état français soit reconnu officiellement.
Nous nous ne voulons pas culpabiliser l’ensemble du peuple français mais nous voulons empêcher l’oubli et construire une mémoire solidaire qui puisse fonder aujourd’hui une convivialité entre le peuple français et le peuple algérien.
Cette commémoration n’est pas pour nous un vague récit d’un passe douloureux, mais un acte de mémoire au présent, indispensable pour construire le vivre ensemble, car l’oubli structure les logique de revanche et participe a la production et reproduction de discriminations.
Nous sommes certains que cette mesure aurait un écho dans la France d’aujourd’hui et favoriserait le vivre ensemble. On sait combien il reste de ressorts inconscients qui structurent les comportements et nourrissent aussi les ressentiments et l’impression qu’ont certains d’être regardés encore comme des ennemis intérieurs, comme si cette période noire n’était pas finie.
Un peu de courage monsieur le Président, renouvelons l’historiographie à la lumière de la vérité!
Mouloud Aounit,président d’Honneur du MRAP
Madjid Si Hocine