Le Commissaire à la diversité et à l’égalité des chances, Yazid Sabeg, s’est opposé lundi à une généralisation du CV anonyme obligatoire, prévu par une loi de 2006 et dont une étude de Pôle Emploi a révélé un impact négatif sur les publics concernés.
« Il ne faut pas faire du CV anonyme une obligation, il faut renoncer à sa généralisation », a jugé M. Sabeg dans une déclaration à l’AFP alors que les décrets d’application du dispositif ne sont toujours pas parus.
Le curriculum vitae anonyme est censé permettre aux personnes victimes de préjugés relatifs à la couleur de peau, au nom, au lieu de résidence ou à l’âge, de décrocher un premier entretien d’embauche.
A la place du CV anonyme, M. Sabeg préconise de « réfléchir à un dispositif beaucoup plus vaste » dans le cadre du label « Diversité » décerné aux entreprises ayant des pratiques exemplaires dans ce domaine.
Depuis sa création en 2008 par le président Sarkozy, ce label a été
attribué à 254 entreprises privées et publiques ou à des organismes publics.
Il concerne plus de 15.000 sites de travail et près de 770.000 salariés.
« Il faut des mesures pratiques qui seront rendues obligatoires. Un effort est à réaliser sur la formation des recruteurs pour les amener à faire de la diversité quelque chose de stratégique et d’essentiel pour l’entreprise », propose M. Sabeg.
Selon lui, « il faut maintenant mettre en place les solutions adaptées »
puisqu' »il y a une prise de conscience » des discriminations à l’embauche.
Favorable aux statistiques ethniques, M. Sabeg veut que l’on donne aux entreprises « les moyens de mesurer la diversité sous toutes ses formes et pas seulement celle liée au phénotype ».
Le CV anonyme est expérimenté dans nombre de grandes entreprises -comme Axa et PSA Peugeot. Une étude quantitative publiée en avril, réalisée en collaboration avec Pôle emploi, concluait que non seulement ce type de CV n’avantagerait pas les demandeurs d’emploi issus de l’immigration, mais qu’il les pénaliserait.
« L’étude ne permet pas de conclure à cause de la méthode employée et des résultats discutables auxquels elle est parvenue. Elle confirme qu’il y a des discriminations mais montre qu’il y a des entreprises qui s’accomodent du CV anonyme », commente M. Sabeg.