Une antenne locale du collectif « L’égalité d’abord ! » vient d’être créée en Sarthe. Son objectif dépasse le seul domaine de la représentation des minorités.
Conseil municipal, général, régional. Assemblée nationale. Où sont les représentants des « blacks », des « beurs » et des minorités ethniques en politique ? Parti du constat que la représentation d’une composante de la population est, aujourd’hui encore, réduite à une peau de chagrin, un collectif baptisé « L’égalité d’abord » a été créé il y a deux semaines à Paris. Initié par le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), il rassemble des hommes et des femmes de droite et de gauche, des associations et milite pour l’égalité en politique.
Mercredi, au Mans, des membres de plusieurs associations locales (Solidarité algérienne en France, Fêtes et traditions, Zodo, France-Congo), de club sportif (US Glonnières), des personnalités (le sportif Mohamed Serbouti) et des citoyens mobilisés pour ce combat ont lancé un relais local de ce mouvement.
« C’est d’abord un mouvement civique, souligne Kamel Meziti, chargé d’animer localement le collectif. Un an près les émeutes en banlieue, on constate qu’à des problèmes réels, aucune solution n’a été apportée au-delà d’un discours politique démagogique. » À quelques mois des scrutins présidentiel et législatif, ce mouvement veut interpeller la classe politique sur ce déficit de représentativité au sein des institutions de la République et se battre pour « assurer concrètement la prise en compte de la diversité de la société à toutes les élections sur la base de l’engagement, de la compétence et de l’expérience », souligne le document de présentation du collectif. « Dans le pays de la Révolution persiste une quasi absence de représentation de ces citoyens », martèle Kamel Meziti. Refusant une « logique cloisonnée et un repli communautaire », le collectif dénonce ces discriminations qui minent la société française. « Ce cloisonnement vient de la classe politique elle-même qui a posé des verrous et refuse de les faire sauter, assure le porte-parole. Nous sommes tous les enfants de la République. Nous revendiquons les mêmes droits et les mêmes devoirs que tous les citoyens. »
Pour les membres du collectif, un problème demeure : le racisme dont sont victimes les noirs et les Arabes. « Il faut que la France parvienne à faire face à son histoire », appelle Abdu Chtaini, qui s’interroge : « On va être issu de l’immigration jusqu’à quelle génération ? »
« Mon grand-père a combattu pour libérer la France du joug nazi. Ne suis-je pas plus Français que l’homme dont le grand-père a combattu dans les rangs des collabos ? », s’interroge Kamel Meziti, qui appelle la société française à sortir « le Kärcher pour nettoyer les cervelles. » Et d’indiquer, en conclusion, que l’enjeu de ce combat est de parvenir à « vivre ensemble et à restaurer la cohésion sociale. »
Igor BONNET