Les accrocs entre la France et Israël se multiplient. La France a rapatrié une station d’eau potable prévue pour Gaza, bloquée depuis dimanche en Israël. Si un volume important d’aide humanitaire a pu être acheminé, « malheureusement, pour des raisons qu’on a toujours du mal à s’expliquer, (une) station de potabilisation de l’eau n’a pas pu entrer », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay, Eric Chevallier. « Nous avons décidé de la rapatrier à grands regrets » car elle « nous paraissait utile pour les populations civiles », a-t-il ajouté. D’une capacité de 2.000 m3 d’eau par jour, le système représente un volume de 93 m3 et devait être mis en oeuvre par 51 membres de la sécurité civile française, selon le ministère.
En réaction, le ministère des Affaires étrangères a convoqué mercredi, fait rare, l’ambassadeur israélien en France. Paris lui a fait part de son « mécontentement et de sa surprise », a rapporté Eric Chevallier. Et d’ajouter que la France attend toujours des explications officielles. Par ailleurs, la France a aussi signifié son mécontentement après des tirs de semonce ayant visé mardi un convoi diplomatique européen au point de passage d’Erez entre Gaza et Israël. Le convoi mené par le consul général de France à Jérusalem, Alain Rémy, et incluant des diplomates européens, a été bloqué « plus de 6 heures » au point de passage alors qu’il revenait de Gaza. Il « a essuyé deux tirs de semonce en provenance des soldats israéliens », a expliqué Eric Chevallier. « Il a été très clairement indiqué à l’ambassadeur d’Israël en France que nous protestions contre cet incident inacceptable », a ajouté le porte-parole.
Au-delà de cette tension ponctuelle, « il y a un raidissement, une petite dégradation » des relations entre les deux pays par rapport à il y a quelques mois, selon Didier Billion de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Après des années de méfiance, l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir en France en mai 2007 a coïncidé avec un réchauffement des relations entre la France et Israël. Selon le chercheur, la présidence française était « persuadée de pouvoir influencer la politique israélienne » en se fondant sur des relations qui se voulaient meilleures que dans le passé avec « des amis à qui on peut dire la vérité ». Mais le conflit de Gaza a prouvé « qu’il n’en était rien », a-t-il dit. L’équation de la relation s’en est trouvée modifiée: la France a en particulier modifié son langage à l’égard du mouvement islamiste Hamas, désormais considéré comme un « interlocuteur » possible par Paris, qui pousse pour un gouvernement palestinien d’union nationale.