Cachons ces musulmans que l’on ne saurait voir !

Après le nombre de burqua voici le nouveau sujet de débat en France, combien y a-t-il de musulmans « en plein air » chaque vendredi. Le débat lancé par Marine Le Pen qui, comme d’autres, semble vouloir remplacer l’image du bolchévik avec un couteau entre les dents par celle du musulman barbu et enturbanné enrichi une production phantasmatique déjà riche.
Les murs n’ont pas des oreilles mais les rues de nos villes sont envahies de mahométans ! Tout un chacun peut le constater. Déjà dans les années 80 sont père prophétisait que les musulmans transformeraient la cathédrale Notre Dame de Paris en mosquée, elle voit plus loin annonçant presque la colonisation de nos rues comme le parvis de la mosquée de la Mecque lors du pèlerinage. La probable future candidate du Front National aux élections présidentielles, qui à l’heure actuelle cherche à récupérer le fauteuil paternel copie ses recettes avec succès. Petit à petit elle « marinise » les esprits peu importe les moyens, peu importe la solidité des arguments. Gageons qu’il adviendra de cette histoire de mosquée comme de la burqua. Pour moins de 500 voiles intégraux (chiffre des renseignements généraux), des mois de débats et de polémiques et finalement une loi, dont on attend encore de voir comment elle sera appliquée alors que la fameuse amende de Nantes qui avait tout déclenchée vient d’être invalidée…
Peu importe la réalité seule compte l’effet produit et l’ « anxyogénisation » du rapport à l’Islam avec en arrière pensée une vraie volonté de perturber le rapport à l’étranger.
Et pourtant ramenons les choses à leur juste proportion. Cinq millions de musulmans en France, moins d’un million pratiquant les 5 piliers dont la prière et combien d’entre eux sur la voie publique, bloquant les rues chaque semaine ? Cinq millions de musulmans et combien de mètres carrés pour qu’ils puissent prier ? Pas plus de 200 000 à 300 000, et sans doute proportionnellement encore moins dans les quelques endroits à forte densité de fidèles posant problème. Si on considère qu’il faut tout au moins un mètre carré pour prier, il faudrait donc des surfaces au moins 3 à 4 fois plus grandes, comment s’étonner alors que le contenant trop petit laisse déborder le contenu, c’est ce qui se produit toujours dans ce cas qu’il s’agisse d’une mosquée ou d’une boite de nuit !
Ce n’est d’ailleurs pas quelque chose de récent, nombreux sont ceux qui gardent le souvenir des grandes prières de l’Aïd à la mosquée de Paris dans les années 80, quand les jardins une fois plein voyaient les trottoirs avoisinants du 5 ème arrondissement se couvrir de tapis sous le regard bonhomme des policiers et des badauds. Les choses ont bien changées, l’extrême droite, la crise, la pauvreté du discours politique, mais aussi le terrorisme, l’islamisme agressif sont passés par là.
Les musulmans ont eux aussi changés, ils sont français, à l’état civil mais aussi dans leur âme et leur tête et ils ne supportent pas cette discrimination supplémentaire qu’ils associent aux autres que certains d’entre eux vivent déjà pour leur couleur de peau, leur nom leur quartier de résidence. Ils ne comprennent pas pourquoi à l’instar de leurs compatriotes israélites, catholiques, protestants ils ne peuvent pratiquer leur culte dans la dignité.
Imagine t-on d’ailleurs que ces gens là aient une particulière affection pour le caniveau et le macadam ? Quel mépris pour eux de vouloir faire croire qu’ils le font par choix avec une obscure planification de conquête de l’espace à la manière de panzers enturbannés ? Bien au contraire, on peut penser que nombre d’entre eux refuse de prier pour ne pas se trouver exposer à cette humiliation que constitue la pratique de l’acte religieux sous le regard de tous dans un pays qui n’est pas culture musulmane et où il y a peu d’empathie pour le phénomène. Les musulmans de France ne sont pas différents des autres habitants de ce pays, ils ne sont à l’évidence pas moins pudiques, ni plus hystériques, nombre d’entre eux cultivent d’ailleurs une certaine forme de discrétion héritée du désir de transparence qu’ont pu avoir pendant longtemps ici les immigrés.
Que faire donc ? Demander à l’Etat d’aider à la construction des moquées ? Impossible la loi de 1905 ne le permettrait pas. Tout au plus les collectivités locales peuvent-elles, pour peu qu’elles le veuillent et qu’elles n’aient pas peur d’une sanction dans les urnes, concéder des baux emphytéotiques aux associations cultuelles à qui elles peuvent aussi accorder des subventions. Faire appel à des financements non publics ? Pourquoi pas, cela semble logique. Mais on voit alors ressurgir le spectre, probablement aussi fantasmagorique que la théorie de la cinquième colonne propagée par les tenants de l’invasion, de la mainmise de l’étranger. Nouvel écueil à la construction lieux de culte bien commode tout de même car on ne sait semble t-il jamais posé ces questions lors de la construction d’une synagogue, d’un temple bouddhiste, ou lorsque on a vu un certain nombre de cinémas par exemple, transformés en temples évangéliques fréquentés souvent par de populations aux moyens aussi modeste que la plupart des musulmans.
Il faut donc pour sortir de la quadrature du cercle qui veut que l’on ne puisse faire appel ni à de l’argent public ni a l’argent venu d’ « outre méditerranée », que l’on laisse financer qi le veut et qui le peut ces mosquées qui manque tant. Charge aux pouvoirs publics de promouvoir la formation d’imams par les universités ou en partenariat avec les instituts de théologie et aux renseignements généraux, qui ne se privent déjà pas de le faire, de surveiller ce qui s’y dira ou fera dans le secret du minbar. Ou alors serait-ce que l’on préfère l’Islam des caves, invisible, lui ?
Il serait temps aussi de changer ce regard soit compassé, soit anxieux , souvent hostile que l’on peut avoir sur les 5 millions de musulmans de France, ils n’ont ni vocation à changer l’identité culturelle de notre pays (ce que font peut être plus surement les multinationales de l’agro alimentaires ou de l’Entertainment), ni à plus forte raison à lui nuire. Ils demandent à être assimilés et non pas intégrés.
Si on ne veut plus les voir dans les rues, qu’on les mette à leur place…dans les mosquées !

Madjid Si Hocine

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