Une « flambée » des violences et menaces racistes
et xénophobes, touchant essentiellement des Maghrébins et une « forte hausse » des violences et menaces antisémites ont été enregistrées en 2009, selon le rapport annuel de la CNCDH présenté lundi.
Marc Leyenberger, rapporteur de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), a parlé lors d’une conférence de presse d’un « revirement de tendance » par rapport à la décennie précédente pendant laquelle « les immigrés et étrangers avaient été de mieux en mieux acceptés ».
« Le contexte de crise économique a généré une xénophobie latente, les étrangers étant à nouveau le réceptacle du malaise social », a-t-il dénoncé.
Concernant le racisme et la xénophobie, « les données chiffrées pour l’année 2009 traduisent bien une +flambée+ », selon cette institution nationale indépendante, assurant un rôle de conseil auprès du gouvernement. Ainsi en 2009, 1.026 actes, dont 220 violents (dont 130 agressions et violences sur des personnes physiques) et 806 menaces ou actes d’intimidation, ont été enregistrés, selon des statistiques recueillies en grande majorité par la Direction générale de la police nationale, par le biais du fichier STIC (système de traitement des infractions constatées).
En 2008 représentaient 467 actes racistes avaient été recensés contre 321 en 2007. Comme les années précédentes, en 2009, les membres de la communauté maghrébine ont été les plus touchés à la fois par des actes de violence raciste (33,64% du total) et par des menaces ou actes d’intimidation racistes (29,77%). Six mosquées ou lieux de culte musulmans ont subi des actions violentes (contre deux en 2008).
Les régions dans lesquelles les manifestations du racisme ont été les plus fortes étaient l’Ile-de-France, la région Rhône-Alpes et le Nord-Est.
Vingt-cinq actes violents ont été formellement attribués à des
sympathisants d’extrême-droite, tandis que 156 des menaces et actes
d’intimidation présentaient une référence à l’extrême-droite ou aux néonazis.
L’année 2009 a également été marquée par une « forte hausse » (77,5%) des violences et menaces antisémites, notamment après l’offensive meurtrière israélienne dans la bande de Gaza en janvier 2009, relève la CNCDH sur la foi de statistiques recueillies grâce à un « partenariat » entre la DGPN et le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) du CRIF. Ainsi 815 faits (172 actions – dont 78 atteintes aux personnes, 30 atteintes à des lieux de culte israélites et 11 actions visant des cimetières ou lieux de souvenirs israélites – et 643 menaces) ont été enregistrés selon le SPCJ en 2009 (contre 459 faits l’année précédente), notamment en Ile-de-France, Alsace et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dans un sondage complémentaire réalisé pour la CNCDH par l’Institut CSA face à face en novembre 2009 (méthode des quotas, 1.004 personnes âgées de 18 ans et plus), 47% des Français se disent en accord avec l’affirmation selon aquelle « il y a trop d’immigrés aujourd’hui en France ».
L’étude révèle également une méfiance à l’égard de la religion musulmane qui n’évoque quelque chose de positif que pour 27% des sondés, le port du voile posant problème à 73% d’entre eux. « Certains discours politiques, au niveau français et européen, suscitent de nombreuses inquiétudes car ils ne peuvent qu’être à l’origine de nouvelles haines », a souligné M. Leyenberger.
Martine Brousse, vice-présidente de la CNCDH, a insisté sur la nécessité d’une stratégie politique spécifique de lutte contre le racisme et a déploré que pour la première année, le rapport n’ait pu être remis entre les mains du Premier ministre, indisponible.