La déprogrammation d’un film israélien dans le réseau de salles Utopia, à la suite de l’assaut donné par l’armée israélienne à la flottille humanitaire pour Gaza, est « inique » et « dangereuse », a estimé mercredi SOS Racisme, le Bureau national de Vigilance contre l’Antisémitisme
(BNVCA) déclarant de son côté qu’une « telle position ne doit pas rester
impunie ». « En prétextant le raid de l’armée israélienne pour prendre une telle décision, Utopia joue de tous les amalgames, si dangereux », juge l’association antiraciste, en soulignant que le film « A cinq heures de Paris » qui sort le 23 juin en France est « sans aucun rapport avec les événements tragiques de ces derniers jours ».
Par sa décision, Utopia laisse entendre qu' »une responsabilité collective pèserait sur les Israéliens du fait de l’armée », dénonce SOS Racisme.
« Ce genre d’amalgames n’est finalement pas très éloigné de celui consistant à faire peser une responsabilité collective sur les juifs dès qu’un événement frappant les Palestiniens ou leurs soutiens se déroule au Proche-Orient », ajoute l’association.
Selon la cofondatrice d’Utopia, Anne-Marie Faucon, le réseau projettera le film de l’israélien Leon Prudovsky « avec d’autres films israéliens à une date qui n’est pas encore fixée » et en présence de plusieurs cinéastes, notamment israéliens.
De son côté, le BNVCA estime que cette déprogrammation est « un acte grave » et demande au ministre de la Culture « de prendre à l’encontre des auteurs de ce boycott culturel, les mesures administratives et pénales que nos lois prévoient et punissent ».
Il dénonce les « préjugés anti-israéliens » déjà exprimés par Utopia et
relaie les réactions de ses correspondants « choqués et ulcérés », rapprochant cette décision « de la période noire des discriminations faites aux juifs ».
« Hier, nous avions +cinémas interdits aux juifs+. Aujourd’hui, c’est
+cinémas interdits à Israël+ (l’Etat juif). Demain, ce seront les théâtres,
les musées, etc… », écrit le président du BNVCA, Sammy Ghozlan.