Le débat sur l’islam génère cafouillage, gêne et surtout stigmatisation -pour la énième fois- de l’islam et des musulmans de France par le président Sarkozy et son équipe gouvernementale.
C’est parti ! Le bal des hostilités a été ouvert. Luc Chatel, ministre de l’Education, marque le premier pas et vise l’interdiction aux mères voilées qui souhaitent accompagner les sorties scolaires des enfants. Sa prise de position survient à la suite de l’affaire qui opposait un parent d’élève à la directrice d’une école de Pantin en Seine-Saint-Denis. Ce dernier estime que la situation des parents d’élèves souhaitant effectués un accompagnement lors d’un accompagnement scolaire, est comparable à celle des agents publics et qu’ils sont donc tenus « de se soumettre aux principes fondamentaux de ce service public », au nom du « principe de neutralité et de laïcité » de l’école publique.
Dans sa déclaration, le ministre a cependant omis de prendre en considération deux faits majeurs : Le premier concerne la Délibération de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité relative à l’exclusion de mères d’élèves de la participation à des activités éducatives et/ou de l’encadrement de sorties scolaires en raison du port du foulard, n°2007-117 du 14/05/2007. Dans ce dossier, huit mères d’élèves avaient été exclues de la participation à des activités éducatives et/ou de l’encadrement de sorties scolaires en raison du port du foulard. La haute autorité avait rappelé que « ni le principe de laïcité, ni celui de neutralité du service public ne s’opposent a priori à ce que des mères d’élèves portant le foulard collaborent, en leur qualité de parents, au service public de l’enseignement dans le cadre d’activités éducatives et de sorties scolaires, le refus de principe apparaissant susceptible de caractériser une discrimination dans l’accès à une activité bénévole fondée sur la religion » . Elle recommande aux conseils d’école de revoir les règlements intérieurs applicables et/ou leur interprétation en ce sens, et au ministre de l’Education nationale de prendre toute mesure pour garantir le respect du principe de non-discrimination religieuse selon les mêmes modalités sur l’ensemble du territoire. Du coup, par son annonce, le ministre s’oppose à cette délibération.
L’autre élément concerne le positionnement de l’ancien ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, qui avait, en août 2008, tranché conformément à la délibération de la HALDE du 14 mai 2007, en publiant un texte stipulant d’ailleurs que « la loi de 2004 qui interdit le port de signes religieux ne s’étend pas aux parents d’élèves intervenant bénévolement dans le cadre du service public de l’enseignement (…). Ceux-ci ne peuvent être soumis à aucune réglementation particulière concernant leur tenue. »
Tout cela nous laisse perplexe sur la cohésion de la ligne politique de l’équipe Sarkozy sur des questions de fond qui concernent la société française.
Plus grave encore, le 2 mars 2011, Eric Zemmour, le chroniqueur-délinquant, dans la mesure où il a été récemment condamné pour incitation à la haine et à la discrimination raciste, par le tribunal correctionnel de Paris , s’est fait inviter et ovationner par des députés de l’Union pour un mouvement populaire (UPM) à l’Assemblée nationale. Ce personnage cynique et limité ose même d’exiger à ces élus un certain nombre de mesures telles que : la suppression des subventions aux associations des droits de l’homme, interdiction à ces dernières d’ester en justice et surtout l’abrogation du délit, pour lequel il a été condamné, de l’incitation et de la provocation à la haine raciale. Cette infraction a été, pour rappel, intégrée dans le Code pénal français dans la loi antiraciste du 1er juillet 1972, adoptée à cette date par des élus de République à l’unanimité.
Le cynisme politique domine, incontestablement, l’actualité politique française et ne s’arrête pas là. Nicolas Sarkozy, en déplacement à Puy-en-Velay, le jeudi 3 février 2011, a fait un clin d’œil à ses lieutenants en abordant le « magnifique héritage de civilisation » qu’a laissé la « chrétienté » à la France. La manœuvre est, décidément, grossière et compote des visées électoralistes. La religion est, finalement, mangée à toutes les sauces, même aux plus mauvaises.
Par Fayçal Megherbi, juriste et enseignant universitaire
1 Le Monde du 3 mars 2011.
2Site internet de la Halde.
3Condamné le 18 février 2011 par la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris, pour 2000 euros d’amende.