Le duo Kad et Olivier se reforme – le premier
devant la caméra, le second à la réalisation – avec « L’Italien », une comédie sociale bien ficelée sur les préjugés identitaires en particulier et la discrimination en général, sur les écrans mercredi.
Pour son troisième film après « Ce soir, je dors chez toi » (2007) et
« Safari » (2009), Olivier Baroux dirige son acolyte Kad Merad transformé en vendeur de berlines de luxe sur la Côte d’Azur. Roland Giraud et Guillaume Gallienne sont également à l’affiche.
A 42 ans, le volubile Dino Fabrizzi est à un tournant de sa vie. En passe de prendre la direction de la concession, il est sur le point d’épouser Hélène qui partage sa vie depuis plusieurs années.
Cette vie apparemment sans nuages, est en fait bâtie sur un mensonge identitaire : Dino s’appelle Mourad Ben Saoud. Un état civil transformé pour échapper au racisme originaire.
Démarrant sur les chapeaux de roues sur le registre de la comédie
populaire, le film maintient le rythme tout en révélant un fond social traité par le prisme de l’humour et de la légèreté « pour une plus grande efficacité », selon le réalisateur.
Pressé par sa fiancée qui veut être présentée à ses parents, Dino se
retrouve le dos au mur, incapable de mentir plus longtemps, d’autant que son père algérien tombe gravement malade et lui demande de faire le prochain ramadan à sa place…
C’est l’occasion de scènes très drôles liées à l’apprentissage forcé d’une religion dont Dino-Mourad avait expurgé sa culture de façade.
« Ce film nous ressemble dans ce que nous aimons : faire rire et émouvoir aussi. De surcroît, ce n’est pas tous les jours qu’on fait un film en prise directe avec la vie quotidienne en faisant écho à un récent débat sur les questions d’identité. Si cet +Italien+ peut aider un tant soit peu le public à nourrir sa propre réflexion sur le sujet, tant mieux », observe Olivier Baroux dans les notes de production.
Pour Kad Merad, le film a un écho personnel : son père d’origine algérienne a réellement francisé son prénom dans les années 60 pour mieux s’intégrer.
L’acteur lui-même, né Kaddour Merad, a été tenté de démarrer sa carrière sous un pseudonyme pour éviter d’être mis à l’écart.
« A cause de mon nom, je suis passé à côté d’un premier rôle au théâtre. A l’époque, ce fut une frustration pour moi. Mon premier engagement a été celui d’un éducateur maghrébin dans une série. Je me suis dit que si je ne faisais pas gaffe, j’étais bon pour jouer l’arabe de service pour un bout de temps », dit l’acteur.
Olivier Baroux et Kad Merad ne considèrent toutefois pas « L’Italien » comme un film à message mais reconnaissent qu’il dresse une sorte d’état des lieux avec un effet de loupe.
« Les ressorts sont comiques, mais le propos s’appuie sur une réalité »,
souligne Kad Merad. « Les pizzerias de France et de Navarre sont tenues par un grand nombre de Mourad qui se font appeler Dino ».