Réforme des retraites, interdiction de la burqa, sécurité, immigration, collectivités… le menu très chargé de la session extraordinaire du Parlement, qui débute mardi 7 septembre, promet de vraies joutes gauche-droite mais aussi des débats intenses au sein de la droite.
L’Assemblée nationale ouvrira le bal avec l’examen du texte présenté par la majorité comme l’une des réformes majeures du quinquennat, celle des retraites. Le même jour, les syndicats, unis pour l’occasion, entendent mobiliser très largement contre le texte.
Après des débats estivaux agités en commission, l’atmosphère promet d’être encore plus électrique dans l’hémicycle sur la réforme elle-même comme sur les suites de l’affaire Bettencourt dans laquelle Eric Woerth (Travail), qui porte le projet, est toujours englué.
Si le gouvernement est prêt à quelques concessions, notamment sur la
pénibilité au travail, pas question pour lui de céder un pouce sur le coeur de la réforme : le relèvement de l’âge légal du départ en retraite de 60 à 62 ans à l’horizon 2018.
Les débats dureront une semaine, le vote solennel devant avoir lieu le 15 septembre. La gauche, qui dénonce un « débat bâclé » et une durée de discussion « peu démocratique », entend « mettre en scène » ses propositions à cette occasion.
Dans la majorité aussi, des voix se font entendre, côté centriste, pour
juger que ce texte « n’est pas à la hauteur des enjeux ».
Les sénateurs reprendront, eux, le chemin du Palais du Luxembourg pour examiner le projet de loi d’orientation et de programmation de la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2).
Déjà voté à l’Assemblée, ce texte -le 17e sur la sécurité depuis 2002- fera l’objet de nouveaux amendements pour traduire les propositions sécuritaires du président Nicolas Sarkozy lors de son discours de Grenoble : extension du port du bracelet électronique, imposition de peines plancher pour les violences aggravées, peines incompressibles pour les assassins de représentants de l’autorité publique…
Outre les critiques de la gauche, les débats ne seront pas de tout repos à droite, certains voulant aller plus loin encore, alors que d’autres, à l’inverse, dénoncent la « dérive droitière » de l’UMP. François Sauvadet (Nouveau Centre) plaide même pour « une pause » législative sur la sécurité.
L’examen du texte sur l’immigration, fin septembre à l’Assemblée, devrait être tout aussi houleux avec la controverse sur les expulsions de Roms et le débat sur la réforme de la déchéance de nationalité, qui révèle là aussi des fractures au sein de la droite voire même du gouvernement.
Si le patron des députés UMP Jean-François Copé est monté au créneau mardi pour soutenir le chef de l’Etat sur les expulsions, il se montre ainsi « beaucoup plus circonspect » sur la déchéance de nationalité, au regard du droit notamment.
La situation s’annonce délicate aussi pour le gouvernement sur la réforme des collectivités, qui revient en deuxième lecture à l’Assemblée le 16. Le texte est sorti en lambeaux de son examen au Sénat, les centristes faisant rejeter le mode d’élection du futur conseiller territorial.
Dans ce climat délétère à droite, le projet de loi interdisant le port du
voile intégral, débattu le 14 au Sénat, s’annonce plus apaisé. Malgré ses
réserves, notamment sur le caractère constitutionnel d’une telle mesure au regard du droit français et européen, la gauche ne votera pas contre le texte.