Sortie imminente du livre « Omerta dans la police » : mise en lumière de violations de l’éthique et de comportements discriminatoires au sein des forces de Police.
C’est avec un grand intérêt que le MRAP et SOS Racisme accueillent la sortie en librairie – demain, jeudi 14 octobre 2010 – du livre « Omerta dans la police », rédigé par la fonctionnaire de police Sihem SOUID. Cet ouvrage révèle certaines pratiques discriminatoires très choquantes au sein des forces de l’ordre.
L’auteure, anciennement affectée à la Police de l’air et des frontières (PAF) de Paris-Orly, témoigne des dégâts causés par la « politique du chiffre », en matière de lutte contre les immigrés « irréguliers » ou supposés tels. Le livre décrit une mentalité, façonnée par la Hiérarchie administrative qui somme les policiers d’« éloigner » tout « Individu non admis sur le territoire français », réduit au simple sigle d’INAD.
On apprend ainsi qu’une supérieure hiérarchique avait oralement ordonné aux policiers de la PAF de froisser certains passeports afin de pouvoir les considérer comme « suspects » et de refuser ainsi l’entrée sur le territoire. Un homme d’affaire états-unien, en transit pour Tunis, en avait fait les frais pendant 48 heures, jusqu’à l’intervention de son ambassade. Ainsi, les fonctionnaires de police voient leur rôle réduit à l’inscription de « bâtons dans une colonne » intitulée « Chiffre ».
Il convient d’y ajouter un quotidien marqué par des propos racistes et dégradants, tels que : « Voilà encore un avion de nègres ! » Ou : « Encore des bougnoules ! ». Et ce, pour quelle réaction de la Hiérarchie dûment informée ? L’auteur d’une telle remarque aurait été promu.
Quant à Sihem SOUID, elle s’est elle-même retrouvée victime de brimades et de discriminations, après avoir témoigné en faveur d’une collègue homosexuelle systématiquement harcelée par une supérieure. Ayant déposé plainte pour discrimination et harcèlement moral, en 2009, avec six autres collègues, les sept policiers ont eu la déception de voir leur plainte classée sans suite par le Parquet de Créteil en avril 2010. C’est ainsi qu’a été déposée une nouvelle plainte avec, cette fois, constitution de partie civile. La HALDE, également saisie du dossier, n’a encore à ce jour publié aucun avis.
Le MRAP et SOS-Racisme prennent acte de ces témoignages fondés sur une expérience vécue à l’intérieur même des forces de la PAF. Ils confirment malheureusement les sévères critiques exprimées de longue date à l’encontre de la déshumanisante « politique du chiffre ». En outre, le livre pose aussi avec force la question des abus de pouvoir, des comportements discriminatoires, des violations de l’éthique professionnelle au sein des forces de l’ordre.
Les deux associations ont entamé ensemble une réflexion approfondie sur les réponses à apporter à ces graves problèmes, notamment par la création d’une structure susceptible d’assurer un « droit de regard » éthique et citoyen sur les pratiques des forces de l’ordre. Il s’agit là d’une urgence d’autant plus pressante que le gouvernement entend mener à terme la mort programmée de la CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité) dont on ne peut que saluer l’indépendance et l’exigence morale.