Droite populaire: un apéro «saucisson vin rouge» crée la polémique
11 juillet 2011 | Par La rédaction de Mediapart – Mediapart.fr
Un nouveau pas de la droite vers l’extrême droite a été franchi. A l’occasion de son premier anniversaire, le collectif de la Droite populaire organise le 12 juillet un «apéritif saucisson vin rouge afin de fêter dignement la fête nationale», au salon Gabriel de l’Assemblée nationale. Les députés membres devraient en profiter pour «faire un bilan de (leur) action et lancer (leurs) grands thèmes de campagne pour 2012». Une initiative qui survient un an après le très controversé apéro du Bloc identitaire, un mouvement d’extrême-droite, et de Riposte laïque, un site se disant « »de gauche », mais (dont les membres) s’affichent avec des mouvements d’extrême droite» selon le blog Droite extrême du Monde.fr qui a sorti l’information.
Le 21 mai 2010, Sylvie François – «une habitante du 18e arrondissement de Paris, fille et petite-fille de natifs du 18e arrondissement» – crée un groupe sur Facebook, intitulé « Apéro géant saucisson et pinard à la Goutte d’Or ». Le choix du lieu n’a rien d’anodin, comme l’explique la page du réseau social: «La rue Myrha et d’autres artères du quartier sont occupées, particulièrement le vendredi, par des adversaires résolus de nos vins de terroir et de nos produits charcutiers.» Avec en conclusion un appel au rassemblement: «Parisiens de souche, provinciaux de Paris, Parisiens exilés et amis de la capitale française dans tous les pays, rejoignez-nous!»
L’événement est annoncé en exclusivité dans un communiqué de Novopress, l’agence de presse du Bloc identitaire. Riposte laïque, de son côté, participe à l’organisation de l’événement. La date de l’événement est fixée un jour de prière musulmane, le vendredi 18 juin. La préfecture de Paris interdit finalement l’apéro, évoquant des «risques graves de troubles à l’ordre public». Pas de quoi décourager les organisateurs qui s’empressent de
trouver un plan B, en invitant «tous les Parisiens – et, au-delà, tous les Français qui le peuvent» à se rendre place de l’Etoile, pour«manifester, dans le plus grand calme et dans le
total respect des lois de la République, (leur) révolte face à cet interdit administratif et (leur)
volonté d’entrer en résistance contre l’islamisation de la France»
Désormais, c’est au tour du collectif de députés de la Droite populaire d’organiser son apéro. Parmi les fondateurs du mouvement, on retrouve entre autres Thierry Mariani, secrétaire d’Etat des transports, et Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes. D’après sa charte, le collectif «croit en la Nation», se dit opposé aux «tabous du « politiquement correct »» et reste
«attaché au patriotisme pour redonner fierté, espoir et ambition aux Français». Il défend aussi
«l’identité de notre Pays» et «l’unité de la République». Pour les députés membres,
«l’immigration doit être contrôlée et maîtrisée» et la sécurité est la «première des libertés»
Le blog rappelle que par le passé, «les plus extrémistes de l’UMP» s’étaient déjà inspirés de
l’extrême droite. En septembre 2010, la Droite libre, qui se définit comme un «mouvement
libéral-conservateur associé à l’UMP», a souhaité organiser un débat sur un thème sans
équivoque: « Immigration, islamisme: la France menacée? » Un débat que le siège de l’UMP puis
l’Assemblée nationale devaient initialement accueillir.
Un mois plus tard, le député UMP de l’Hérault et membre de la Droite populaire Elie Aboud,s’est rapproché du Bloc identitaire pour soutenir René Galinier, un septuagénaire
incarcéré après avoir blessé par balles deux cambrioleuses. Droîte extrême rappelle enfin que les manifestations contre le film Hors-la-loi, réalisé par Rachid Bouchareb, mêlaient aussi bien
élus UMP et FN, «avec M. Luca en première ligne»
Ce dernier s’est exprimé lundi 11 juillet dans Le Point, au sujet de l’apéritif organisé par son
collectif. Il réfute tout lien avec « l’apéro saucisson pinard » de 2010. «On a demandé aux
députés d’apporter des spécialités de leur circonscription s’ils le pouvaient… Le saucisson est
un produit du terroir, rien d’autre», se justifie Lionnel Luca avant de renchérir: «On disait bien
qu’on allait « saucissonner » avant, pour dire « pique-niquer ».» Le député des Alpes-Maritimes va
plus loin, regrettant l’«exploitation politique»: «Je trouve cela risible. Je mange souvent des
kébabs, je ne fais de procès d’intention à personne, moi…»
Le Point révèle que d’autres députés, membres du collectif, émettent davantage de réserves.
Certains craignent d’aller «trop loin», en faisant «vraiment du Front national». L’un d’eux
raconte: «Ce qui est dommage, c’est qu’il y a trois ou quatre députés sur les quarante qui
nous tirent sur ce terrain, qui sont partout dans la presse, comme avec leur obsession sur la
suppression de la binationalité, par exemple. Il faut garder notre liberté de penser, mais sans
virer à la droite réac »