Paris, le 19 juin 2012
Appel pour un Caucus de la diversité
D’élection en élection, c’est toujours la même histoire. La main sur le cœur, les responsables politiques affirment que la représentation de la diversité, comme on dit, est certes insuffisante, mais qu’elle sera meilleure la fois d’après. Oui, la prochaine fois, tout ira mieux. Vous verrez. Rassurez-vous. Tranquilisez-vous.
Nous sommes priés d’être patients. D’être gentils et sages. Et la fois d’après, la situation est à peu près la même. Certes, les choses avancent, mais si peu. Au lendemain de ces législatives, dans l’hexagone, les députés noirs, arabes ou asiatiques constituent entre 1 et 2% des parlementaires élus, alors que dans l’ensemble du territoire hexagonal, ils représentent 10% au moins de la population globale. Heureusement qu’il y a les députés de l’Outre-Mer. Autrement, le résultat serait encore plus médiocre.
Il n’est plus temps d’attendre. Lassés des bonnes promesses, nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes. Elus, futurs élus, citoyens, citoyennes, nous signons cet appel et lançons en ce jour le caucus de la diversité. Nous avons deux ambitions : d’une part, peser sur les investitures dans les partis politiques, d’autre part, peser sur les politiques publiques, afin de mettre en place des mesures en faveur de l’égalité.
Il y a quelques années, les associations féministes ont obtenu que le gouvernement Jospin fasse voter une loi en faveur de la parité ; celle-ci fut un moment important de notre histoire ; elle a permis des avancées significatives ; tout cela a créé une exigence. Evidemment, ces progrès sont insuffisants, mais nous savons que sans ces lois, la situation n’aurait pas évolué.
De même, en matière de lutte contre le racisme, on ne pourra arriver à une véritable égalité sans une loi effective, sans une action volontariste. On lui donnera la forme et le nom que l’on voudra. De nombreux pays ont posé ce débat, ont proposé des solutions diverses. La France doit s’inspirer des modèles étrangers, les adapter et trouver à son tour sa propre voie. Mais on ne peut plus laisser le temps au temps. Nous n’avons plus le temps.
La discrimination que subissent les personnes issues de la diversité dans le monde politique est une injustice permanente. Il en va de même dans le reste de la société, mais cette discrimination semble encore plus choquante dans le monde politique, qui est censé donner l’exemple à toute la nation. Ceux qui souhaitent que l’on attende encore un peu se font objectivement complices de cette injustice, en programmant sa pérennisation.
Nous demandons au gouvernement et aux partis politiques de mettre en place, sans tarder, un grand débat national sur la représentation de la diversité dans la vie politique. Pour nous, le moment est venu.
Appel lancé par Louis-Georges Tin, président du CRAN et Thiaba BRUNI, présidente de Banlieue Citoyenne, en partenariat avec le Mouvement Pluricitoyen, Nous ne Marcherons plus, l’Association des Jeunes Chinois de France, Les Outremer en Hexagone, République et Diversité.
Premiers signataires : Hervé Adjouale, conseiller municipal à Cugnaux, Caroline Adomo, candidate PS aux élections Legislatives, 5e circonscription du Val de Marne, Maxence Ansel, candidate aux législatives, Paris, 18e, Thiaba Bruni, présidente de Banlieue Citoyenne, Jeff Citebua, conseiller municipal à Neuilly-sur-Marne, François Durpaire, président du Mouvement pluricitoyen, Emanuel Elias, candidat aux législatives 2007, Nassurdine Haidari, adjoint au maire de Marseille (1er secteur), Mohammed Hanine, conseiller municipal à Choisy-le-Roi, Yassine Jabri, candidat aux législatives 2012, Ibrahima Keïta, conseiller municipal à Cergy, Jean-Henry Kinda, conseiller municipal à Guigneville sur Essonne, Ling Lenzi, membre du bureau du Conseil national des Français pour la diversité, Sacha Lin, président de l’Association des Jeunes Chinois de France, Angèle Louviers, Présidente des Outremer en Hexagone, Jean-Paul Makengo, adjoint au maire de Toulouse, Jules Ngallé conseiller municipal à Fontenay-aux-Roses, Dominique Nitoumbi, conseiller municipal à Portet, Serge Takene, adjoint au maire de Roubaix, Ferhat Tayari, délégué du Préfet du Var, Pierre Tavarès, conseiller municipal à Epinay-sur-Seine, Jean-Claude Tchicaya, ancien maire adjoint de Bagneux, Louis-Georges Tin, président du CRAN, Karim Yahiaoui, conseiller municipal, Villeneuve-la-Garenne, Nisrine Zaïbi, vice-président du conseil Régional de Bourgogne, etc.