L’ancien préfet Paul Girot de Langlade a été condamné vendredi à 1.500 euros d’amende pour injures racistes par le tribunal correctionnel de Créteil pour avoir déclaré lors d’un contrôle à l’aéroport
d’Orly: « On se croirait en Afrique, ici! ».
Le 31 juillet 2009, M. Girot de Langlade, alors préfet chargé des Etats
généraux de l’Outre-Mer, avait lâché cette phrase lors d’un contrôle de
sécurité, qui s’était déroulé dans une certaine confusion.
Ces propos « procèdent d’un amalgame selon lequel toutes les personnes du continent africain partagent le même défaut de l’incompétence et de la désorganisation », a expliqué le juge Philippe Michel, en rendant public le jugement.
A l’audience, M. Girot de Langlade avait récusé tout racisme. « J’ai
simplement voulu dire que c’était le bordel (…) Si le contrôle avait été
rigoureux, j’aurais pu dire: +on se croirait à Singapour ou aux Etats-Unis », avait-il déclaré.
Selon le magistrat, la phrase incriminée « avait d’autant plus de portée
qu’elle a été prononcée par un préfet tenu à une obligation de réserve et de sang-froid » et qui n’a « pas tenu compte » du fait que les agents de sécurité présents lors du contrôle étaient « pour partie des personnes de couleur ».
Le magistrat a toutefois reconnu que l’ancien préfet était « très fatigué »
au moment de ce contrôle à Orly et qu’il a par ailleurs déjà été sanctionné en étant mis à la retraite d’office à la suite de cette affaire.
La peine prononcée est inférieure aux réquisitions du parquet, qui
réclamait 5.000 euros d’amende.
Trois agents de la société Securitas, qui avaient porté plainte, se sont vu octroyer entre 300 et 500 euros de dommages et intérêts. La Licra, SOS Racisme et le Mrap ont obtenu le versement d’un euro symbolique.
L’ex-préfet n’était pas présent au délibéré.
« Nous allons faire appel », a déclaré à l’AFP son avocat Me Gilbert Collard. « Le jugement indique bien que cette phrase n’est pas raciste en elle-même mais en fonction d’un contexte. Or, rien n’indique que mon client ait prononcé cette phrase en tenant compte du contexte », a précisé l’avocat, se félicitant que la peine de 1.500 euros ramène cette phrase « à une proportion moins grande ».
« Jusqu’au bout (M. Girot de Langlade) n’assume pas, il est dans le déni », a déclaré l’avocat des plaignants, David-Olivier Kaminski, à l’issue du délibéré.
Avant son procès, M. Girot de Langlade avait accusé le ministre de
l’Intérieur d’avoir « orchestré » cette affaire pour se refaire « une virginité
de parfait antiraciste ».
« Il a le droit de jouer les victimes mais aujourd’hui c’est lui le
coupable », a commenté M. Kaminski.