Le « ouf » de soulagement passé, on contemple le désastre. Abstention inédite, Marine Le Pen en tête dans 30 départements contre 2 en 2017, une France divisée en 3.
Comment en sommes nous arrivés là? Il y a seulement 20 ans, 80 % des français faisaient « castor » en votant barrage républicain. Aujourd’hui Marine Le Pen récolte plus de 41 % des voix au second tour, plus de 13 millions d’électeurs! On attend avec une certaine forme d’anxiété les législatives à venir, même si par honnêteté républicaine, on se doit de reconnaître que 20 députés LFI, ou 20 députés RN ne serait pas juste aux vues des résultats obtenus à cette élection.
Que va devoir faire le président sur qui les fées s’étaient penchées en 2017?
Il devra s’appliquer à lui même la révolution qu’il avait annoncée à l’époque. Le père de la Nation va devoir s’intéresser à tous ses enfants, y compris , le cadet coincé entre l’aîné et le petit dernier, le français du bourg du Morvan qui a vu comme l’habitant des quartiers s’étioler son milieu de vie, étrange communauté du vide, les membres des classes moyennes effrayés par la possibilité de la chute pour eux et surtout pour leurs enfants…
Il va devoir saisir l’aiguille pour ravauder le tissu des valeurs si malmenées. La France est désormais le pays où l’on peut montrer du doigt une partie de la population, la désignant comme un danger en toute liberté. La fracture sociale de Chirac est remplacée par le polytraumatisme. La France est désormais le pays où les hussards déchus de la République, enseignants, soignants, personnels de justice, petit fonctionnaire ont atteint le seuil de désengagement à partir duquel la bascule est possible vers l’effondrement de l’architecture invisible de L’État.On en voit déjà les premiers signes, postes non pourvus dans les hôpitaux, dans l’enseignement, abaissement de la qualité dans le service public autrefois fierté de ceux qui y travaillaient.
Le président va devoir devenir un homo novo, luttant contre ses certitudes, apprenant l’humilité, s’appropriant son destin pour devenir celui qui nous protégera contre l’avènement du déclin déjà amorcé et partant la perspective d’un régime d’exclusion, peste et choléra marchant souvent de concert.
C’est donc bien là la tache qu’il a devant lui.
Espérons que les événements ne l’empêcheront pas de nouveau et que les bouchons dans les oreilles que lui mettent ceux qui prétendent savoir, comprendre et connaître, et qui le rendent sourd à l’appel des français qui, quelque soit leur vote, aime ce pays et l’image d’une terre où fraternité et prospérité en ont fait une terre de cocagne. Le retour du business as usual serait une trahison.