Droits de l’homme . Le restaurant parisien où le collectif « L’Égalité d’abord » doit débattre de la présidentielle souillé par des slogans racistes.
Nous sommes 14 rue Abel, dans le 12e arrondissement de Paris, près de la gare de Lyon, au bar restaurant « Les Nuits blanches », dont Kahina et ses amis ont décidé de reprendre le fonds de commerce, au mois d’août dernier. Depuis, ils se font régulièrement prendre à partie par des voisins, qui, comme eux, sont locataires de l’OPAC de Paris. Les coups de téléphone ou les insultes lancées à la porte pleuvent. Tout comme les appels la police pour demander d’arrêter de faire du bruit… que le restaurant soit en travaux de réfection, ouvert ou fermé.
De son côté, les tentatives de dépôt de plaintes par Kahina, malgré la présence de témoins, sont restées lettre morte, et la police a menacé le restaurant de fermeture pour nuisances auditives. Depuis quinze jours, il est tout simplement fermé à la suite de ces menaces. Cela n’a pas empêché quelques racistes du coin de sortir leurs bombes de peinture. Le restaurant avait annoncé, le 13 avril prochain, l’accueil du « dîner de l’Égalité », avec les responsables de « L’Égalité d’abord », collectif d’associations et personnalités qui ont invité les candidats à la présidentielle, la presse, des représentants du monde universitaire et des citoyens à débattre de huit questions posées par le collectif aux candidats. Résultat, mardi matin, était inscrit sur la façade « Mort aux Arabes, rentrez chez vous ».
« Cette fois, la police s’est déplacée. J’ai pu porter plainte, explique Kahina. Cela prouve bien que ce qui gêne n’est pas l’activité d’un bar restaurant, mais que ceux qui le tiennent soient Français « issus de l’immigration ». On nous dit par la fenêtre que nous allons « dégager avant les élections ». La mairie est informée, elle dit qu’il faut agir… Dans la résidence, il y a 150 logements et deux personnes qui nous agressent directement. J’ai rencontré des locataires, en particulier une dame algérienne et un monsieur africain qui subissent des brimades, qui ont peur et qui se taisent. Nous avons à faire à un petit nid d’extrémistes, racistes, qui se sentent soutenus par l’air du temps ». Une raison de plus pour que la rencontre du 13 avril se déroule aux « Nuits blanches ». « L’Égalité d’abord » ne l’avait pas encore annoncé officiellement. Aujourd’hui, c’est fait. Et un rassemblement de protestation a lieu, à 18 heures ce soir, devant le restaurant, à l’appel, entre autres, du MRAP.
(1) « L’Égalité d’abord »
est un mouvement civique pour l’égalité politique, créé le 17 octobre 2006 (voir aussi l’Humanité du 23 octobre 2006).