En dépit des bonnes intentions, les conseils
d’administration des sociétés françaises sont encore l’apanage d’hommes blancs. Pour y mettre de la couleur, une association lance un annuaire de personnalités issues de la diversité, capables d’occuper les plus hautes fonctions.
« On veut bien mais on trouve pas ». C’est pour répondre à cette objection des chasseurs de tête que le Club XXIe Siècle, qui oeuvre en faveur d’une meilleure représentation des Français de toutes origines dans la société française, a constitué cet annuaire de cadres supérieurs qui ont fait leurs preuves.
Le cabinet de recrutement Korn/Ferry, chargé d’élaborer l’annuaire, n’a pas eu la partie facile: plusieurs des personnes pressenties se sont récriées contre ce qui leur semblait être un « coup médiatique ».
Et parmi elles, beaucoup de femmes, qui « voulaient être reconnues pour leurs compétences, et uniquement pour cela », témoigne … de Korn/Ferry. D’ailleurs, l’annuaire ne comporte à l’heure actuelle que trois femmes.
Bien sûr, rien n’oblige les conseils d’administration à puiser dans ce
« vivier » de 37 noms, qui a vocation à s’enrichir. Mais ses concepteurs parient sur le fait que sa simple existence va contribuer à modifier les habitudes de pensée, et surtout de recrutement.
« La diversité, ce n’est pas ce qu’on a aujourd’hui à l’esprit quand on doit
composer un conseil d’administration », constate Lionel Zinsou, un banquier
d’affaires de père béninois qui dirige le fonds d’investissement PAI Partners.
Pourtant, « il est temps que la gouvernance de l’entreprise ressemble à
l’entreprise » qui, elle, reflète de plus en plus la société française.
Mais « plus on monte dans l’entreprise, moins la diversité est représentée »,
poursuit ce proche de l’ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius, qui
voit dans le cas de Tidjane Thiam, un Français d’origine ivoirienne propulsé à
la tête de l’assureur britannique Prudential, le symptôme de la difficulté de
l’élite française à faire de la place à ceux qui n’en sont pas issus.
Que l’entre-soi domine en France, Didier Vuchot, président de Korn/Ferry
Europe peut en témoigner. En tant que chasseur de tête, il doit pourvoir une soixantaine de postes d’administrateurs indépendants par an. « Nos chers dirigeants continuent à nous donner des spécifications de
recherche qui sont la réplique de leurs parcours. Or, si on veut que les
choses s’accélèrent, il faut les persuader d’envisager des profils et des
parcours moins conformes à ce qu’ils ont vécu », dit-il.
S’ouvrir à la diversité, qu’elle soit ethnique ou professionnelle, est
pourtant dans l’intérêt de l’entreprise, comme le montrent un rapport récent de l’Institut français des administrateurs (IFA) et plusieurs études
anglo-saxones.
« Dans le monde d’aujourd’hui, c’est un facteur important d’efficacité et de performance », estime Jean-Pierre Jouyet, le président de l’Autorité des marchés financiers.
A l’inverse, « une trop forte dépendance réciproque entre les
administrateurs limite la capacité de questionnement et d’interpellation des membres du conseil et peut engendrer des conflits d’intérêts », selon le rapport de l’IFA. D’autant que cette « endogamie » a tendance à
s’auto-reproduire.
PS: brève tronquée à la demande d »un concerné