La mosquée d’Istres a été la cible d’un
mitraillage dans la nuit de samedi à dimanche, une trentaine d’impacts ayant
été relevés sur les murs du bâtiment, suscitant l’indignation parmi la
communauté musulmane.
Les faits se sont déroulés aux alentours de 02H00 ou 03H00 du matin, dans
la nuit de samedi à dimanche, a-t-on appris lundi auprès du parquet
d’Aix-en-Provence.
« C’est une mosquée qui a été inaugurée en juillet 2009, il n’y a jamais eu
de problème tout au long de sa construction (à partir de 2003, NDLR) ou
depuis », a affirmé à l’AFP le procureur de la République adjoint à
Aix-en-Provence, Denis Vanbremeersch.
« Il n’y a pas eu de revendication », a-t-il dit, précisant qu' »un peu plus
d’une trentaine d’impacts » d’une ou plusieurs armes pour l’instant non
déterminées ont été relevés sur le bâtiment.
L’enquête a été confiée à la police judiciaire.
« On est stupéfait, abasourdi de noter un acte de ce type dans notre ville.
Depuis des décennies, on ne vit que dans l’harmonie, la reconnaissance et
l’estime mutuelles », a déclaré le maire (DVG) d’Istres, François Bernardini,
lors d’un point de presse devant la mosquée aux murs ocre et bleu criblés
d’impacts de tirs.
Situé à côté d’un temple protestant et en face d’un boulodrome, ce lieu de
culte accueille jusqu’à 600 à 700 fidèles pour la prière du vendredi.
« L’imam a constaté le premier ces impacts » quand il est arrivé dimanche à
l’aube pour la prière, a raconté Djamel Bedra, président de l’association
musulmane d’Istres. Arrivé peu après sur les lieux, M. Bedra a confié avoir été « choqué ». « On arrive pour vivre un moment de paix et on voit des impacts un peu partout, c’est un acte criminel », a-t-il déploré, affirmant avoir déposé plainte contre X au nom de son association.
La Ligue des droits de l’homme des Bouches-du-Rhône a condamné cette attaque et SOS Racisme a annoncé son intention de « porter plainte », estimant que « la multiplication des profanations de lieux de culte témoigne du climat pour le moins malsain qui règne en France ».
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a quant à lui dénoncé sur TV5 Monde une « gradation dans les agressions contre les symboles de l’islam ».
Face à « cette nouvelle escalade », le Conseil français du Culte musulman (CFCM) a fait part de sa « profonde indignation » et appelé « les pouvoirs publics à mobiliser tous les services concernés pour arrêter et punir les auteurs de cette agression criminelle ».
Le Premier ministre François Fillon, qui recevait lundi à Matignon le
président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a exprimé sa « vive émotion », tandis que l’UMP a jugé ces « exactions intolérables ».
Mais pour Faouzi Lamdaoui, membre du Conseil national du PS, cet acte « inacceptable » est la « conséquence directe de la politique hasardeuse menée par le gouvernement Fillon qui consiste à stigmatiser » les Français de confession musulmane.
D’autres mosquées ont par le passé été l’objet de tirs, même si ce type
d’incidents est plutôt rare, les derniers remontant à 2004 et 2005.
Par ailleurs, un autre mitraillage, également condamné par le CFCM, a eu lieu dimanche en fin de soirée, aux alentours de 22H00, visant une boucherie halal du XVe arrondissement de Marseille, a-t-on appris de sources policière et judiciaire.
Cet établissement des quartiers nord a été touché par 23 projectiles de calibre 7,63 mm tirés avec une Kalachnikov. L’enquête a également été confiée à la police judiciaire qui cherche à
savoir si les deux incidents peuvent être liés. Pour l’instant, aucun élément ne permet de le dire, selon le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest.