Monsieur le Président de la République, il faut aller à Notre Dame de Lorette !
Vous venez de prononcer un discours qui affirme avec force votre volonté de lutter contre les discriminations et votre engagement à promouvoir l’égalité de traitement.
Le 8 décembre, au moment où plus d’un million de musulmans de France s’apprêtaient à commémorer le sacrifice d’Abraham, prophète commun des trois grandes religions monothéistes de notre pays, des malfaiteurs ont profané le cimetière militaire de Notre Dame de Lorette, dégradant cette fois-ci 500 tombes du carré musulman et, probablement aveuglés par leur haine, 20 tombes israélites adjacentes.
Ils n’en étaient pas à leur coup d’essai. Par deux fois déjà, ils s’étaient attaqués aux stèles de ces pauvres poilus morts pour la France, dont l’unique crime est d’être une preuve d’une pureté extrême la compatibilité de l’Islam et d’un attachement à la France.
Car il y a bien un caractère spécifique dans cet acharnement: C’est celui de cette islamophobie qui tarde à être reconnue dans notre pays.
Au cours des trois profanations, on a nommément visé la garde des sceaux, Rachida Dati et le président de la Fédération de la Grande Mosquée de Paris. Une tombe aurait même été souillée avec une tête de porc.
C’est donc bien une manifestation transparente d’un racisme antimusulman dont-il s’agit. Malheureusement rien ne garantit que cela cesse, ni dans ce cimetière difficile à surveiller, ni dans d’autres lieux symboliques d’un islam de France qui certes se cherche parfois encore, mais toujours voudrait se voir reconnaitre et considéré. L’incendie dans une mosquée de la banlieue de Lyon survenu le samedi 20 décembre dernier en est une preuve.
Deux tiers des musulmans en France ont le sentiment qu’il existe une hostilité assez forte à l’égard de leur religion. Vous pouvez les rassurer et apporter un démenti aux promoteurs de la haine et à ceux, combattants médiocres d’arrière garde, qui s’opposent à la dynamique en cours, celle qui fait que paisiblement la religion musulmane, et ceux qui y adhèrent, trouvent leur place sous l’ombre protectrice de la République.
En 1990, lors de la profanation de plusieurs dizaines de tombes israélites du cimetière de Carpentras, votre prédécesseur de l’époque monsieur Mitterrand s’y était rendu pour condamner le racisme dans notre pays et l’on vit alors un grand moment de communion républicaine dénuée de tout aspect partisan.
Cette année lors des commémorations du 11 novembre vous avez innové en vous rendant à Douaumont. Pourquoi, cette année ne pas célébrer le prochain anniversaire de l’Armistice à Notre Dame de Lorette ? Ainsi, vous rendriez à la fois un hommage mérité aux dizaines de milliers de tirailleurs algériens, marocains et sénégalais morts pour la France au cours de la Grande guerre, et aussi singulièrement à ces malheureux que l’on a voulu salir à Notre Dame de Lorette. Vous marqueriez alors par un geste symbolique votre condamnation de l’islamophobie.
Madjid Si Hocine