Le MRAP condamne avec force l’opération de ce matin 22 septembre à
Calais et la chasse aux exilés
Ce matin à 7h30 les forces de police ont investi « la jungle » de Calais
où se trouvaient les réfugiés afghans dont de très nombreux mineurs.
Le MRAP condamne avec force cette opération violente dirigée contre des
exilés fuyant la guerre à laquelle participent les troupes françaises et
les persécutions et qui cherchent la protection de l’Europe, tout comme
il a récemment condamné les mesures prises par la Mairie de Paris contre
les exilés dans le 10ème arrondissement à Paris.
L’argument, avancé par le ministre de l’immigration, de l’intégration,
de l’identité nationale et du développement solidaire, de lutte contre
les filières de passeurs, ne tient pas. Les passeurs n’étaient bien
entendu pas présents ce matin dans la « jungle » de Calais et ils
pourront continuer leurs activités ailleurs, aussi longtemps que ne sera
pas mise en place la possibilité pour les réfugiés de choisir librement
leur pays d’asile.
Le gouvernement ne propose aucune solution réaliste à ces exilés.
Aussi bien les déclarations que le communiqué de ce jour du Ministre E.
Besson, sur leur possibilité de demander l’asile, sont illusoires et
frappées de totale inapplicabilité tant que n’aura pas été remis en
cause par l’Union Européenne – comme le réclament de longue date les
associations, dont le MRAP – le règlement dit « Dublin 2 » qui impose
aux exilés de présenter une demande d’asile dans le premier pays
européen par lequel ils ont pénétré sur le territoire de l’Union.
Par conséquent, à l’occasion de la violente évacuation de ce jour, la
plupart des exilés présents ne pourront demander l’asile en France car
leurs empreintes digitales ont été relevées dans les camps de Grèce lors
de leur arrivée et figurent dans le fichier EURODAC. A l’évidence, la
France n’aura pas choisi de faire jouer la possibilité prévue à
l’article art 3-2 de « Dublin 2 » du 18/02/2003, selon laquelle « par
dérogation au paragraphe 1, chaque État membre peut examiner une demande
d’asile qui lui est présentée par un ressortissant d’un pays tiers, même
si cet examen ne lui incombe pas en vertu des critères fixés dans le
présent règlement. »
Quant aux mineurs présents – que le Ministre prévoit d’envoyer à Metz –
ils ne bénéficieront pas plus de la protection imposée par la
législation à Metz qu’à Paris ou Calais où, depuis des années, les
autorités françaises se sont avérées incapables, faute de volonté
politique, de leur assurer une protection conforme à la loi française et
à la convention internationale des droits de l’enfant, chaque jour
bafouées. Sans doute est-ce la raison pour laquelle la France a
récemment jugé si véniel de supprimer l’Autorité administrative
indépendante qu’est le Défenseur des Enfants.
Détruire la « jungle » de Calais aujourd’hui, comme décréter la
fermeture de Sangatte en décembre 2002, par le ministre de l’Intérieur
de l’époque Monsieur N. Sarkozy, ne peut avoir pour effet que de
déplacer ce grave et persistant problème mondial des réfugiés fuyant les
zones de guerre, sans apporter de solution.
Cette opération politico médiatique qui plonge dans le désarroi des
hommes, des femmes, des mineurs qui ont déjà eu tant à souffrir ne sert
qu’à entretenir un climat xénophobe dangereux dans notre pays.
Le MRAP soutient l’appel au rassemblement organisé ce soir à 19h, place
de la République, parvis des Droits de l’Homme, à Lille, par le CSP 59.