Des organisations françaises ont lancé mardi un appel aux dons pour financer le bateau d’aide humanitaire qu’elles comptent affréter à destination de la Bande de Gaza entre avril et mai 2011, dans le cadre d’une deuxième flottille internationale qui tentera de briser le blocus israélien du territoire palestinien.
Thomas Sommer-Houdeville, un militant ayant déjà participé à la première flottille sur un navire grec, coordonne la campagne « Un bateau français pour Gaza », à laquelle souscrivent déjà une soixantaine d’organisations – des associations pro-palestiniennes, des partis politiques de gauche (PCF, Verts), des mouvements de défense des droits de l’Homme (MRAP, LDH, Cimade) et des syndicats (Solidaires).
Le bateau devrait partir d’un port français, ne fera pas d’escale en dehors de l’Hexagone, rejoindra les autres navires de la flottille quelque part en Méditerranée et, ensemble, ils iront « droit sur Gaza », a déclaré Thomas Sommer-Houdeville, de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP) lors d’une conférence de presse dans un bureau du Palais Bourbon.
Des députés de tous bords politiques ont apporté leur soutien: le communiste Patrick Braouzec, l’UMP Etienne Pinte, le socialiste François Loncle ou encore le Vert Noël Mamère. Un élu s’est d’ores et déjà dit prêt à embarquer: « Cette initiative, je la soutiendrai jusqu’au bout, quitte à partir avec », a lancé le député communiste Jean-Paul Lecoq.
Les organisateurs ne pouvaient dire dans l’immédiat qui d’autre pourrait prendre part au convoi. « Nous voulons effectivement qu’il y ait le plus de personnalités possibles qui représentent l’ensemble de la société française », a déclaré Claude Léostic, vice-présidente de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité).
Il s’agit avant tout d’une initiative de la société civile, insistent les organisateurs. « Ce sont les citoyens qui vont prendre en main ce que ne font pas les gouvernants », relève Claude Léostic. « Le gouvernement français soutient la politique israélienne dans son illégalité », accuse Françoise Clément, d’Attac. « On est obligé de passer par la société civile parce que le politique est totalement inefficace », analyse Jérôme Gleizes, militant Vert. Cette nouvelle flottille internationale, « c’est vraiment une levée de boucliers des sociétés civiles du monde entier », note Alain Bosc, de la Cimade.
La mission du bateau français sera de « dénoncer et briser le blocus », « faire respecter le droit international » et « apporter l’aide humanitaire qui fait aujourd’hui cruellement défaut à Gaza », explique Thomas Sommer-Houdeville, qui avait été détenu trois jours par Israël après sa participation au premier convoi international.
Au printemps dernier, une « flottille de la paix » avait tenté de forcer le blocus imposé par l’Etat hébreu et l’Egypte après la prise de pouvoir par le Hamas dans la Bande de Gaza en juin 2007. Le 31 mai, dans les eaux internationales, l’armée israélienne avait donné l’assaut, rencontrant une résistance à bord de l’un des navires, le « Mavi Marmara ». L’opération s’était soldée par la mort de neuf militants turcs.
Depuis, le blocus a été assoupli, Israël autorisant l’importation d’un plus grand nombre de biens alimentaires et de matériaux, et laissant même entrer récemment des voitures. Un allégement « cosmétique », selon Claude Léostic, de l’AFPS: « La population de Gaza vit dans des conditions absolument indignes et inacceptables ».
Israël continue d’interdire certains matériaux, de crainte qu’ils ne soient utilisés pour fabriquer des roquettes ou des bombes.
Thomas Sommer-Houdeville a affirmé que le bateau français pour Gaza serait inspecté avant son départ par les autorités portuaires françaises, comme n’importe quel navire. « On n’acceptera pas que les Israéliens montent sur les bateaux » pour vérifier leur contenu, a prévenu le coordinateur. Il a ajouté que les organisateurs étaient toutefois prêts à négocier une inspection internationale, par exemple sous égide de l’ONU.
Pour affréter un cargo et acheter le matériel humanitaire destiné au territoire palestinien, le budget nécessaire est évalué à « des centaines de milliers d’euros », a indiqué M. Sommer-Houdeville.
C’est le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) qui gérera l’argent récolté. « Il y aura une transparence totale », aussi bien sur la provenance des fonds que sur leur utilisation, a promis Renée Le Mignot. Selon elle, le MRAP a ainsi demandé à la banque de signaler les chèques d’un montant anormalement élevé.
Les organisateurs ne précisent pas d’où appareillera le « bateau français pour Gaza ». Mais Thomas Sommer-Houdeville confie que le choix de Sète serait symbolique: les ONG se battent en effet contre le projet d’Agrexco, un importateur israélien de fruits et légumes cultivés notamment dans des colonies, de s’installer dans ce port de l’Hérault en mai 2011. Ce qui correspond justement au largage des amarres de la prochaine flottille. AP