150 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans diplôme, ni aucune qualification.C’est à eux que s’adresse REID, fondée par Farida Belghoul, dont les plus anciens se souviennent.En 1984, lors de ce que l’on avait la seconde « marche des beurs », elle proclamait avec plus de 60 000 personnes, place de la République, que la France était comme une mobylette, pour rouler elle avait besoin de mélange!
Aujourd’hui, 25 ans plus tard et pas beaucoup plus loin, elle décide de s’engager sur un projet qui mérite tout les soutiens possibles (pourquoi d’ailleurs ne recueillerait il pas un peu des fonds du fameux « plan anti glandouille »?), créer un dispositif de seconde chance pour ces exclus du système scolaire.
Extrait d’une interview donnée à Eric Favereau dans Libération:
« Mais pourquoi diable renouer avec l’engagement à 50 ans ? «On ne se rend pas compte de l’état dans lequel se trouvent les élèves. Depuis quinze ans, je suis prof de français en lycée professionnel et je vois ce qu’il en est. Certains de mes élèves, à Noisy-le-Sec, sont illettrés et incultes. Et qu’est-ce que j’entends ? Partout, tout le temps on accuse les familles. C’est leur faute. Pourquoi pas ? Mais ces gamins ont quand même passé huit heures par jour en classe, huit mois par an, pendant dix ans. D’une certaine façon, les enseignants les ont vus plus souvent que leurs propres parents.» Farida sort les copies de ses élèves. Une copie d’un élève de 19 ans, scolarisé, en terminale professionnelle maintenance. C’est la copie d’une dictée.«Et voilà le résultat : »Gavroch rempait a plat ventre, galopé a quatres pâttes, prennait sont paniè au dents, ceux tordair, glissait, ondulait, cerpenté d’un mort à l’otre… »» Elle est intarissable. «C’est dingue. Je tombe sur des gosses qui ne sont jamais sortis de leurs ascenseurs. Attends, ce ne sont pas des débiles. Ils ne savent ni lire, ni écrire, ni compter. Comment veux-tu qu’ils se défendent.»Elle est intarissable sur l’état de ces lycées, sur ces classes pro où les enseignants font cours devant des chaises vides.«Les élèves sont tous mis à la porte.»Ces élèves qu’elle adore…
Alors, que faire ? Une collègue lui a dit méchamment : «On les a mis à la porte du lycée, c’est pas pour travailler dehors avec eux.» Et bien, si. Son dernier combat a un drôle de nom : Reid, pour Remédiation éducative individualisée à domicile (1). «Je ne compte plus sur les financements publics. Je n’y crois plus. Mon dernier recours est de m’adresser à la société civile. Si 25 000 personnes donnent chacune 10 euros pour ce projet, la somme permet de couvrir la totalité des frais de la première année de fonctionnement du Reid. J’ai déjà créé moi-même l’association loi 1901. Tout est prêt : les jeunes candidats au Reid attendent, les instructeurs sont disponibles, le programme est conçu, il ne manque que l’argent. Nous voulons démarrer en septembre 2008. Il y a même un comité d’experts qui se constitue pour suivre ce dispositif. Ce seront des experts qui connaissent le terrain, pas des experts d’en haut qui noieraient le poisson. Des enseignants de lycée professionnel notamment.» «