La migration du sud et les pays du nord : Une problématique qui doit être traitée dans l’intérêt des deux parties

Plusieurs phénomènes liés à la migration ont été constatés ces dix dernières années. Les développements récents des mouvements migratoires ont été enregistrés dans les pays membres de l’OCDE . La dernière étude de cette organisation a confirmé la tendance à l’accroissement des flux de travailleurs immigrés hautement qualifiés, de travailleurs temporaires et d’étudiants et note l’augmentation des flux migratoires dans les zones de libre circulation, principalement en Europe.

Cette étude confirme la tendance à la hausse des migrations. Environ 4 millions de personnes ont émigré légalement à titre permanent vers les pays de l’OCDE en 2006, soit 5 % de plus que l’année 2005. L’immigration illégale reste un problème, mais, par définition, elle est difficile à mesurer.

Les candidats à l’immigration, en quête d’une vie meilleure, cherchent à entrer dans des pays de l’OCDE par des barques de fortune ou en traversant les frontières terrestres par tous moyens, mais, et contrairement aux aprioris, la plupart des immigrants clandestins viennent de manière légale, à l’occasion d’une visite touristique ou familiale ou en utilisant d’autres types de visa, et se retrouvent en situation irrégulière lorsqu’ils restent au-delà de la période autorisée.

Nombre de pays de l’OCDE rivalisent pour attirer des immigrants hautement qualifiés, mais ils hésitent souvent à laisser entrer plus d’immigrants peu qualifiés, même lorsque cette catégorie de main-d’œuvre fait l’objet d’une forte demande. Ils craignent que ces travailleurs ne soient pas aptes à occuper un emploi sur le long terme et qu’ils aient plus de difficultés à s’intégrer que les travailleurs mieux formés.

La modification de la loi du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile du code français de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ainsi que les dernières circulaires du ministère de l’immigration, de l’identité nationale et du codéveloppement confirme notre approche.

Il est probable que nombre des besoins en travailleurs peu qualifiés dans les pays de l’OCDE vont persister, puisque ils vont connaître des manques de main-d’œuvre en raison du vieillissement de leur population. Lorsqu’on observe l’ensemble des pays, on constate souvent que les pénuries touchent les mêmes secteurs : agriculture, bâtiment, accueil, nettoyage, services ménagers et soins à la personne, par exemple; et il n’y a aucune raison de croire qu’il s’agit uniquement de besoins à court terme.

Aujourd’hui, la plupart des pays de l’OCDE offrent des possibilités limitées d’entrée légale sur leur territoire pour occuper ces postes, souvent sur une base temporaire uniquement (délivrance de titres de séjour provisoire entre six mois et un an), ce qui peut expliquer en partie pourquoi les travailleurs irréguliers sont si nombreux à exercer ces emplois.

Il ressort, enfin, des Perspectives des migrations internationales, édition 2008, que les migrants sont en réalité nombreux à retourner chez eux : entre 20 et 50 % d’entre eux quittent le pays d’accueil dans les cinq ans qui suivent leur arrivée. Toutefois, les politiques mises en place par les pouvoirs publics n’interviennent pas dans leur décision de rentrer dans leur pays d’origine. La plupart des migrants qui retournent chez eux le font spontanément, pour des raisons personnelles ou familiales, mais également en fonction des perspectives professionnelles dans leur pays natal. Si la situation économique, politique et sociale est stable et intéressante dans le pays d’origine, les travailleurs peuvent rentrer, mais si les perspectives économiques et politiques sont mauvaises, même l’assistance et l’aide financière du pays d’accueil ne parviendront probablement pas à convaincre les immigrants de repartir.

En conclusion, les immigrants peuvent contribuer de multiples façons au développement de leur pays natal, sans nécessairement faire de leur retour une condition préalable. On peut par exemple faire appel aux diasporas afin d’encourager le transfert de compétences et de technologies et contribuer à renforcer les liens avec le pays d’origine. Les migrations de retour et la diaspora peuvent ainsi soutenir, et peut-être même amorcer, le processus de développement.

Les dirigeants gouvernementaux ne doivent pas non plus ignorer cette question ni détourner le regard pendant que la réalité économique balaye des cadres juridiques obsolètes.

Par Fayçal Megherbi, juriste dans une ONG parisienne

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