La mort est leur métier

La liste des drames s’allonge, et l’inquiétude de tous croît.
L’assassinat d’un prêtre dans une église résonne avec le tragique souvenir des moines de Tibehrine et des assassinats des chrétiens d’Orient. DAECH poursuit sa stratégie de division des peuples et des communautés, empoisonnant la fraternité comme ceux qui commettent le crime suprême en empoisonnant les puits dans le désert. Le danger de refaire un 1962 « à l’envers » ou d’un amalgame facile est réel. même si pour l’instant les anticorps fonctionnent encore.

Par-delà le couteau, la bombe et l’AK 47, son arme de choix est de tenter de lever les opinions contre les musulmans et l’Islam, pensant ainsi donner foi à sa prophétie auto réalisatrice : « les mécréants ne veulent pas de vous, rejoignez-nous ! » Le procédé n’est pas nouveau, déjà en Algérie dans les années 90, le FIS attendait avec impatience les représailles des forces de l’ordre dans les villages après un attentat, comptant ainsi faire de nouvelles recrues. Tranquillement et surement le DAECH en recul militaire sur le terrain élargit le front de Kaboul à l’Europe en passant par la Tunisie, l’Afrique sub saharienne, voire même le pauvre Bangladesh déjà suffisamment affligé de calamités

L’attitude d’une partie de la classe politique, les propos « des braves gens » rapportés par la presse à Nice après le massacre du 14 juillet, leur donnent sans doute à penser que le poisson mord à l’appât. Les Cassandres que l’on raillait encore il y a peu, sourient et susurrent avec une nouvelle assurance, leur « ne vous l’avais-je pas dit ? ». Certains attendent avec impatience d’en cueillir les fruits dans les urnes, d’autres empruntent leur ton par peur d’en perdre.
Les vrais perdants, après les victimes, sont tous ceux qui vivaient sereinement tous ensemble, c’est à dire nous le peuple de France, n’imaginant pas que cette fraternité du quotidien qui caractérise malgré tout notre pays pouvait être menacée par une force extérieure aussi facilement. Jamais depuis l’occupation et la guerre d’Algérie, le risque de voir la cohésion nationale tanguer n’a jamais été aussi grand même si pour l’instant les anticorps fonctionnent encore.

Rarement, on a autant eu l’impression que les forces morales, les intellectuels, les vrais hommes d’Etat, n’ont autant manqué à l’appel. Les messages d’unité, d’intangibilité des valeurs de la République semblent faire « des plats ». Il manque une grande force, un grand élan pour s’opposer aux manœuvres des diviseurs. On demande comme Monsieur Riouffol aux musulmans de faire montre de plus d’opposition aux extrémistes. Qu’on nous dise comment ? Imagine-t-on que ce soit facile alors que les media restent désespérément fermés à tous ceux qui tiennent un discours intelligent, pédagogique et équilibré ? Qui demandera aux pompiers pyromanes de se taire ? Le danger est grand, savent-ils par exemple que nombre de nos concitoyens parfaitement insérés, souvent avec des positions sociales bien établies réfléchissent qui à Londres, qui au Canada ?
Croire que tout se réglerait s’il existait un consistoire musulman ou un concordat est une illusion qui procède de la même erreur de croire que les assassins ont un lien avec la ligne de l’Islam. L’analyse des profils de vie et psychiatrique de nombre des tueurs laisse songeur quant à leur capacité à déférer à des recommandations ou des injonctions d’une quelquonque autorité d’un Islam de France dont on nous rebat les oreilles depuis des années tant à Gauche qu’à Droite.
La campagne à venir pour 2017 fait peur, elle sera sans doute propice à toutes les surenchères et les débordements. Déjà les attitudes autrefois plus mesurées de candidat nous font redouter le pire de ce qui nous répugne dans la course à l’échalote.

Plusieurs millions de français étaient descendus dans les rues après le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, aujourd’hui il faudrait aller au-delà.
Il est temps que sur tous les murs, dans tous les médias, dans tous les meetings, ceux qui ont accès à la parole au plus grand nombre, utilisent ce privilège pour ré affirmer que ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui nous différencie, que nous nous refusons d’aider DAECH à obtenir une victoire qui compte plus pour lui que n’importe quelle victoire militaire.
Opposons-nous tous avec la même force au radicalisme assassin et au poison du racisme et du rejet ! Attention car l’histoire jugera tous nos renoncements, nos petits calculs et nos manques de courage dans cette bataille qui durera probablement très longtemps et qui risque d’user nos défenses immunitaires contre les démons qui sommeillent dans toutes les sociétés. La mort est leur métier, sachons leur opposer la force de notre humanité !

Madjid Si Hocine.

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