Une ex-adjointe de sécurité, Sihem Souid, doit
être jugée vendredi par le tribunal correctionnel de Créteil pour « violation
du secret professionnel », pour avoir transmis à un journaliste des documents confidentiels lorsqu’elle travaillait à la Police aux frontières (PAF).
L’avocate de Mme Souid, Me Dubreuil, a annoncé avoir déposé une demande de renvoi pour raisons médicales. Le tribunal statuera vendredi sur cette demande.
Il est reproché à Sihem Souid, alors qu’elle était secrétaire
administrative au service de la PAF d’Orly, d’avoir envoyé par mail à un
journaliste du Figaro plusieurs documents, dont une note interne relative au plan Vigipirate mis en place à l’aéroport d’Orly. Figurent aussi dans ces courriels un document relatif au dispositif de sécurité mis en place lors d’une visite du président américain Barack Obama, ou encore une note portant sur le rétablissement des mesures de non-admission à l’encontre des étrangers soumis à visa consulaire.
Après avoir nié connaître le destinataire de ces mails et lui avoir envoyé ces documents, Sihem Souid, 29 ans, aujourd’hui adjointe administrative à la préfecture de police de Paris, a reconnu les faits lors d’une audition en juin 2009.
Elle a affirmé aux enquêteurs avoir divulgué ces documents par « haine
contre (sa) hiérarchie », admettant avoir fait « une erreur, une faute
professionnelle (…), aveuglée par tout ce que (elle a) subi à la PAF ».
Pour elle, ces mails ne portaient « préjudice à personne » – le journaliste
lui aurait même « reproché de lui avoir envoyé des trucs qui ne lui servent à rien ».
Entendu par l’Inspection générale des services (IGS, la « police des
polices »), le journaliste destinataire n’a pas souhaité s’exprimer sur cette
affaire, arguant de l’article 109 du code de procédure pénale qui protège les sources journalistiques.
Française d’origine tunisienne, Mme Souid publie jeudi un livre
réquisitoire contre la PAF, service de pointe dans le contrôle de
l’immigration, intitulé l' »Omerta dans la police » (Editions du Cherche-Midi).
Ce livre prend la forme d’une longue série de graves accusations contre une « minorité » de policiers, chargés du contrôle de l’immigration à la PAF. La jeune femme a été confrontée, dit-elle, à des cas de sexisme,maltraitance d’immigrés, homophobie, passe-droits de la hiérarchie, course effrénée aux chiffres.
Dans un communiqué commun, SOS Racisme et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples (Mrap) ont salué un ouvrage qui « révèle certaines pratiques discriminatoires très choquantes au sein des forces de l’ordre », comme « des abus de pouvoir, des comportements discriminatoires, des violations de l’éthique professionnelle »