Le temps de la somnolence est révolu

Le drame que vit notre pays nous laisse coi. Passé l’émotion et la peine nous nous devons de prendre nos responsabilités et de rester vigilants, dérives et récupération ne manqueront pas de survenir.

Ne nous trompons pas, ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas apparu ex nihilo et ne doit pas être détaché d’un contexte désormais tragiquement globalisé.
Paradoxalement, ces meurtres au lieu de creuser un fossé avec le monde musulman devrait nous en rapprocher. Ce que nous commençons à vivre, l’Algérie l’a vécu pendant plus de 10 ans, la Tunisie en était victime il y a quelques mois, l’Egypte il y a quelques semaines, le Liban il y a quelques jours. Les points communs dans cette comptabilité macabre ne manquent pas.

L’erreur serait de bâtir des exclusives, de ne voir que la tragédie parisienne et de la découpler d’un processus sur lequel nous devons réfléchir. Cet islam n’a jamais existé, nos pères ne l’ont jamais pratiqué auparavant. Il est le produit d’une wahabisation de l’Islam organisée et entretenue par des pays du Golfe réputés amis de l’Occident mais qui en sont de fait les promoteurs. Finançant des voyages d’études, des canaux de propagandes, diffusant par divers média une vision rigoriste et passéiste de l’Islam qui telle une gangrène s’est étendue dans l’indifférence générale d’abord dans les années 80 et 90 dans les pays arabes puis en Afrique sub saharienne et en Asie et malheureusement aujourd’hui en Europe. Ceci n’est plus possible et l’on doit demander des comptes aux ordonnateurs. Les moyens de pression existent, ils doivent être employés ! Il ne suffit pas de bombarder les bases de DAESH, il faut aussi tarir la source de cet obscurantisme et s’en prendre aux auteurs de ce double jeu.

Nous allons bientôt entendre les contempteurs de la lutte contre le communautarisme, qui vont hurler contre « la cinquième colonne ». Ce sont pourtant les mêmes qui pendant des décennies ont laissé une partie de notre communauté nationale aux marges, qui encore aujourd’hui les stigmatisent, n’ont pas le courage ou l’intelligence politique et républicaine de prendre les mesures qui les aideraient à sortir cette misère polymorphe qui les affectent et qui fait le lit d’un repli réactionnel et d’un communautarisme de dépit plus que d’un communautarisme choisi.
Quant aux musulmans de France, ils ne doivent plus s’en laisser compter par ceux qui veulent les exclure et par ceux qui veulent qu’ils s’excluent, sur leur appartenance à ce pays.

Ils ne doivent pas avoir de complexes et sont libres d’affirmer à leur fois leur spiritualité islamique, mais aussi leur attachement à ce pays. Ayons le courage chaque jour de dire non à cette idéologie retardataire qui n’a que le nom d’Islam. Opposons nous, expliquons, rappelons la lettre et apprenons aux fanatiques à lire le Coran : »celui qui a tué un homme qui n’a commis aucune violences sur terre, ni tué, c’est comme s’il avait tué tous les hommes »(Coran V,v32).

Expliquons, démentons, éduquons, formons cette jeunesse en déshérence pour certains. C’est sans doute là notre véritable devoir et le véritable djihad pour un musulman : la lutte contre l’ignorance, l’indigence et la misère sociale, affective et intellectuelle. Ce combat, les Hommes de bonne volonté ne pourront le mener seul, il concerne toute la société et la République qui depuis 30 ans est forte dans la proclamation, et inefficace dans l’action. Le temps de la somnolence et de l’observation passive est révolu, celui de l’action est venu,…, pour tous.

Madjid Si Hocine
Texte original paru dans l’Humanité du 25 novembre 2015

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