La réforme du renseignement intérieur se met en place sur le modèle, dit-on, du FBI américain.
Cependant, surprise, la nouvelle entité se voit assigner comme une de ces missions princeps, la surveillance non pas »d’une certaine forme d’Islam »qui pourrait être ressenti comme présentant un danger pour la société,mais, on annonce qu’elle pourra intervenir « dans tout les domaines », sans qu’aucune explication supplémentaire ne soit fournie Plane un certain sentiment d’inquiétude, voire d’indignation.Certaines associations réagissent vigoureusement. Ainsi le MRAP dans un communiqué de presse s’émeut:
« Projet de réforme du renseignement intérieur : un danger pour les
libertés publiques
Le MRAP tient à exprimer son inquiétude la plus vive devant les dangers
pour les libertés publiques que représente le projet de réforme du
renseignement intérieur. En effet, selon Le Monde, les missions
d’enquêtes et de renseignements devraient être scindées en deux :
Celles en « milieu fermé », en clair l’espionnage interne sont fusionnées
avec celles de la DST au sein de la Direction du renseignement intérieur
(RI), les autres, dites de renseignement ouvert, c’est-à-dire le suivi
des activités officielles des partis et organismes divers, de la
violence urbaine, etc. sont dévolues à la future sous-direction de
l’information générale (SDIG).
Cette réforme s’inscrit dans la cadre de la Révision générale des
politiques publiques (RGPB) mais présente en outre des aspects
spécifiques bien plus inquiétants :
1. « La traditionnelle section « presse-communication » des RG passe
entièrement sous la coupe RI, soumise à l’habilitation « confidentiel
défense » ». Ce qui signifie la mise en place de l’opacité en matière
d’information par un verrouillage de l’information et de la communication.
2. « si l’islam traditionnel, comme toutes les religions, reste du
domaine de la SDIG, tandis que l’islam radical est du ressort du RI, la
future direction centrale du renseignement intérieur pourra, quand elle
l’estime nécessaire, et sans prévenir, intervenir dans tous les domaines. »
C’est-à-dire, qu’au motif de lutter contre un ennemi intérieur présumé
complice d’un ennemi extérieur, un service dont les missions ressemblent
plus à celles de l’ancienne DST qu’à celles d’un police républicaine
agissant en milieu ouvert pourra infiltrer, surveiller, interroger des
associations ou individus sur la seule base de leur appartenance
confessionnelle.
Le « Figaro » du 18 mai 2008 nous avait déjà appris que cette nouvelle
direction serait confiée à un diplomate « spécialiste du monde arabe » :
ainsi l’ennemi est clairement désigné.
Le MRAP dénonce cette réforme et les idées qui la sous-tendent. Elle
rappelle trop la situation française d’avant 1939 où juifs et/ou
étrangers étaient désignés par les racistes comme des « agents de
l’étranger » et ces derniers soumis à une surveillance policière
particulière (le décret-loi Daladier du 2 mai 1938 notamment).
Il faut se rappeler, toutes choses étant égales par ailleurs, que ce
sont toutes ces campagnes de presse et l’appareil de surveillance mis en
place qui ont facilité l’oeuvre de mort des nazis. »
Alain Gresh, journaliste au Monde Diplomatique, partage des inquiétudes voisines et les exprime sur le blog du Monde diplomatique