M Hortefefeux devant la justice (AFP)

« Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ». Cela fait deux ans que cette petite phrase embarrasse l’ex-ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, qui saura jeudi si la cour d’appel de Paris confirme ou non sa condamnation pour outrage envers les Arabes. La polémique remonte à septembre 2009.
Sur une vidéo qui avait fait grand bruit sur internet, on voyait et
entendait Brice Hortefeux tenir des propos ambigus pendant qu’il posait avec un jeune militant, Amine, né de père algérien, à l’université d’été de l’UMP. Une militante expliquait à M. Hortefeux qu’Amine mangeait du cochon et buvait de la bière, ce à quoi le ministre rétorquait: « Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype ». Dans un second temps, il ajoutait: « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».
Le 4 juin 2010, le tribunal correctionnel de Paris a condamné M. Hortefeux à 750 euros d’amende, considérant que la dernière phrase était « outrageante sinon méprisante » et qu’elle stigmatisait les personnes d’origine arabe, « présentées négativement du seul fait de leur origine ». M. Hortefeux ne pouvant « être pénalement comptable d’un propos non destiné à être entendu », le tribunal a requalifié le délit en simple contravention de 4e classe. Lors du procès en appel, le 9 juin, plusieurs personnalités du monde arabe se sont succédé à la barre pour délivrer à l’ancien ministre de l’Intérieur un certificat d’anti-racisme.
Ces propos ne sont « pas spécialement d’un racisme extraordinaire », avait ainsi argué le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Le recteur avait été jusqu’à développer une théorie médicale: il s’agit, avait-il expliqué, d un « automatisme de la parole » de la part d’un homme politique « imprégné » à son corps défendant par « la société de consommation » et ses slogans publicitaires restés dans la mémoire collective comme « un verre, ça va, deux verres, bonjour les dégâts ». Le parquet général lui-même avait requis la relaxe de M. Hortefeux, mais sur des points de droit pur. Ce dossier judiciaire n’est pas le seul qui embarrasse l’actuel vice-président du conseil national de l’UMP. En effet, le lieutenant de Nicolas Sarkozy est poursuivi pour avoir violé la présomption d’innocence du magistrat David Sénat et d’un Français soupçonné d’avoir fait le jihad en Afghanistan, Riad Hannouni.
Dans ces deux dernières affaires, il revient au tribunal des conflits, une
juridiction composée de conseillers d’Etat et de magistrats de la Cour de
cassation, de dire dans les prochains mois qui, de l’ordre judiciaire ou
administratif, doit trancher le cas Hortefeux

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